Noor, révélation de Rock en Seine: «Mon public est hypersensible, comme moi»
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À l'occasion du festival Rock en Seine, nous avons rencontré Noor, l'un des 14 jeunes talents mis en lumière lors de cette édition. La chanteuse est venue présenter son premier EP au public, Les histoires tristes me collent au corps. Avant sa performance, Noor a pris le temps d'évoquer avec nous l'amour, ce sentiment qui nourrit chacun de ses projets empreints de mélancolie. Une parenthèse intime, oscillant entre hymnes passionnés et récits de désamours.

RFI : À la sortie de votre premier EP, Les histoires tristes me collent au corps, beaucoup de médias vous ont décrite comme une chanteuse écorchée par l'amour et par la vie. Est-ce une image dans laquelle vous reconnaissez encore aujourd'hui ?
Noor : Malheureusement, oui. Ou heureusement, d'ailleurs ? Peu importe.
Très jeune, la musique s'est imposée comme une évidence pour vous. Vous avez même étudié au prestigieux Berklee College of Music. Quel souvenir gardez-vous de cette période chamboulante ?
Arriver dans une école où l'on est 6 000, du jour au lendemain, alors que j'avais toujours fait ma musique toute seule dans ma chambre, ce fut une expérience un peu irréelle. Je ne suis pas restée très longtemps d'ailleurs.
Comment vous êtes-vous retrouvée à étudier là-bas ?
Je pars souvent par amour, où que j'aille.
Diriez-vous que vous êtes une amoureuse de l'amour ?
Oui, je suis une amoureuse de l'amour. J'aime. J'aime le grand, le grand amour, le puissant. Pas les petites histoires. C'est pour cela qu'en général, quand c'est petit ou que ou ce n'est pas intense et passionnel, cela me désole.
Quelle est pour vous la définition de l'amour ?
Je pense qu'aujourd'hui, avec les expériences que j'ai vécues, je n'ai plus la même vision qu'avant. Ma nouvelle vision du grand amour, c'est de vouloir le bien de l'autre et faire en sorte que l'autre atteigne ce bonheur et ces objectifs. C'est se poser la question : « Est-ce que l'autre va bien ? Est-ce qu'il est heureux ? Comment puis-je contribuer à son bonheur ? »
Vous n'êtes que dans la vingtaine et pourtant on a l'impression à travers vos textes que vous avez déjà vécu 1 000 vies et que toutes sont accompagnées de leur lot de déceptions.
J'ai une vie qui est peut-être différente. Je suis quand même assez recroquevillée sur moi, dans une certaine solitude. Ma musique, ce fut la chose qui m'a permis de vivre et d'exister dans la société. Parce que si je ne l'avais pas, j'ai un caractère assez ermite, à regarder beaucoup mes émotions et à les décortiquer. Je pense que j'ai eu besoin de les écrire. On a l'impression que j'ai vécu 1 million de choses, mais je pense que j'aime juste décortiquer qui je suis.
Diriez-vous aussi de votre public qu'il est hypersensible ?
Mon public est hypersensible comme moi, il est écorché. Il est la plus belle chose qui me soit arrivée.
Finalement, cette peine que vous poétisez s'est-elle révélée être un porte-bonheur plutôt qu'un fardeau ? Puisqu'elle vous a permis de rencontrer l'amour de votre public.
C'est mon porte-bonheur. Lors de mon concert à la Maroquinerie le mois dernier, j'ai prononcé une phrase de ma mère, qui m'a toujours dit : « Tu cherches l'amour au mauvais endroit, c'est ton public qui va te le donner. » Elle avait raison. Aujourd'hui, recevoir l'amour du public, c'est ce qui me fait tenir.
Vous dites de vos concerts qu'ils sont comme une thérapie de groupe.
Je n'arrive pas trop à enchaîner les musiques et uniquement chanter. J'aime bien comprendre ce qui ne va pas bien, pourquoi toutes ces personnes sont là, dans le même état que moi, ou si certains vont un peu mieux. Pas un par un parce que cela serait terrible. Mais en tout cas, à main levée, on se pose des vraies questions et on essaye de sortir du concert en ayant ri et pleuré.
Diriez-vous qu'aujourd'hui, vous n'êtes pas encore guérie ?
Non, mais j'essaye d'apprendre à apaiser mes émotions par moi-même, ce qui n'était pas le cas avant.
Vous aimeriez être aimée sainement. Mais êtes-vous capable d'aimer sainement ?
C'est une très belle question. À l'époque, je ne l'étais pas. Aujourd'hui, je suis prête. Il y a quelque chose que j'ai vraiment besoin de raconter. Je le prépare en « sous-marin ». C'est en train de guérir des plaies. J'espère que cela guérira le public, le futur public que je n'ai pas encore rencontré. Il y a quelque chose de beau et de grand qui se prépare.
Les histoires tristes me collent au corps Noor (Fourteen) 2024
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