Chronique des matières premières

Ruée vers le diesel russe

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Le compte à rebours est lancé. À compter du 5 février, l’Europe n’importera plus de produits pétroliers transformés russes, dont le diesel. Une mesure qui s’ajoute à l’embargo européen sur le pétrole brut acheminé de Russie par voie maritime, entré en vigueur en décembre. Mais pour l’instant, c’est encore permis et les Européens en profitent.

Station-service à Francfort, en Allemagne. (Photo d'illustration)
Station-service à Francfort, en Allemagne. (Photo d'illustration) Copyright 2022 The Associated Press. All rights reserved
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Depuis début janvier, l'Europe a importé 770 000 barils de diesel russe par jour. Cela fait plusieurs mois que ce volume n'avait pas été si haut. Selon le cabinet Vortexa, la moyenne se situe d'ordinaire plutôt autour de 500 000 barils par jour. Preuve de cette frénésie sur le marché, les stocks européens de diesel auraient atteint, la deuxième semaine de janvier, leur plus haut depuis un an et demi.

« Les raffineries européennes ont été structurellement conçues pour produire plus d'essence que de diesel, et vont difficilement pouvoir s'adapter à la nouvelle donne », explique Olivier Appert, conseiller du centre énergie de l'Ifri et membre de l'Académie des technologies. Après la date fatidique, l'Europe devra donc inévitablement renforcer ses liens avec d'autres fournisseurs tels que les États-Unis et les pays du Moyen-Orient.

Diesel russe déguisé

Si elle veut compenser le demi-million de diesel russe importé chaque jour, l'Europe devra aussi s'appuyer sur la Chine dont les capacités de raffinages sont dix fois supérieures à celle de la France. L'empire du Milieu a d'ailleurs augmenté ses quotas d'exportation de produits raffinés de 50% par rapport à l'année dernière. L'Inde qui dispose aussi de nombreuses raffineries est aussi en mesure d'exporter plus.

Mais les deux États, on le sait, ont augmenté leurs importations de pétrole russe vendu à prix cassé. Il est donc très probable que l'Europe achète indirectement un diesel d'origine russe, même si cela sera difficile à prouver, les produits pétroliers transformés étant quasiment impossibles à tracer.

Le marché a anticipé la tension sur le diesel

Avec la nouvelle géographie des flux qui va se dessiner, les trajets vont aussi s'allonger. Car quand il faut une semaine pour qu'un cargo arrive de Russie, il en faut parfois huit pour qu'il arrive de Chine, à un coût forcément supérieur. La forte volatilité constatée sur le marché du diesel ne devrait donc pas disparaître. Sur un an, les cours du pétrole brut ont baissé de 5%, ceux de l'essence ont augmenté de 17% alors que les prix du diesel ont bondi de 30%.

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